"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

lundi 15 juillet 2013

«La lutte collective est une nécessité»




Publié le 28 novembre 2012 | par Adrien Mideau
Jacques Nikonoff, « col bleu » passé par l’ENA et porte-parole du Mouvement politique d’éducation populaire, nous livre dans les colonnes de Ragemag une leçon de politique nationale, européenne et internationale. Une interview pleine de « rage » et de « fureur ». Aux armes, citoyens !

Sortons de l’euro ! : c’est le titre de votre dernier ouvrage. Pourquoi et comment en sortir ?

Il faut sortir de l’euro car la monnaie unique étrangle les peuples. La zone euro rassemble des pays aux écarts trop importants en matière économique et sociale. Dès lors, une politique monétaire unique appliquée à des réalités disparates ne peut pas donner des résultats positifs. Dans certains pays, il faudrait augmenter les taux d’intérêt, dans d’autres il faudrait les baisser. En plus, l’euro a été conçu comme le vecteur de la libéralisation des mouvements de capitaux, pour faciliter leur circulation dans et hors l’Union européenne. Pour attirer les capitaux, il n’y a qu’un moyen : proposer des taux d’intérêt plus élevés qu’aux États-Unis, au Japon, etc. Du coup, l’activité économique est ralentie car l’argent est cher. Il ne reste qu’un moyen pour les pays membres afin d’être « compétitifs » : la « déflation » salariale. Autrement dit la baisse des salaires pour que les entreprises puissent offrir des produits moins chers sur les marchés extérieurs. L’euro est une arme de destruction massive contre l’emploi qui encourage les délocalisations. L’euro est le symbole de l’ordre monétaire néolibéral.
« Il faut sortir de l’euro car la monnaie unique étrangle les peuples. »
Quant à la manière d’en sortir, elle fait l’objet d’une partie entière de mon livre. Il faut commencer par annuler la dette publique, revenir au franc, le rendre non convertible, établir une parité de 1 franc = 1 euro, dévaluer, fermer définitivement le marché obligataire et financer l’État à partir de l’épargne nationale, d’emprunts forcés auprès des banques et par la création monétaire, récupérer la maîtrise de la Banque de France et de la politique monétaire, nationaliser tout le secteur bancaire et financier, réindustrialiser le pays, créer le droit opposable à l’emploi, relancer les services publics, rétablir la Sécurité sociale, prendre des mesures protectionnistes dans le cadre internationaliste de la charte de La Havane

Pourtant, François Hollande vient de déclarer aux grands journaux européens que la sortie de crise de la zone euro est pour bientôt… Optimisme de façade ou transe mystique européiste, docteur ?


Hollande pratique la méthode Coué. Il y a certes une légère accalmie depuis les mesures prises en septembre par la Banque centrale européenne (BCE) qui a déclaré acheter « sans limite » la dette publique sur le marché secondaire. Mais aucun problème de fond n’est réglé, et déjà la crise grecque rebondit, sans parler de l’explosion programmée des banques et régions espagnoles… La crise reste devant nous.

Émile Beaufort, joué par Jean Gabin dans le film Le Président, n’est-il pas un bien meilleur analyste en politique européenne que notre président de la République française ?


Oui, nous connaissons cette vidéo, elle figure sur le site Internet du Mouvement Politique d’éducation Populaire.
« Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupe de toi ». En quoi cette maxime, étendard du Mouvement Politique d’Education Populaire (M’PEP), dont vous êtes le porte-parole, est-elle toujours autant d’actualité ?


Nous en avons la preuve quotidiennement. La politique menée par les gouvernements et celle menée par l’Union européenne correspondent à l’intérêt des classes dirigeantes et possédantes. L’Union européenne, au même titre que l’OTAN, le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale fait partie de l’ordre néolibéral mondial. C’est de cette politique qu’il faut s’émanciper, et ceux qui sont passifs ne sont que les jouets de ceux qui tirent les ficelles.
Le M’PEP Populaire veut voir apparaître un « renouveau de la souveraineté nationale pour construire un nouveau internationalisme ». Pouvez-vous expliciter ?


« Il ne faut pas mépriser l’électorat du FN et ne pas considérer qu’il s’agisse de gens arriérés, semi-débiles, ou même malades comme on l’entend parfois dire. »
L’espace mondial est entièrement dominé par les puissances d’argent : les grands médias planétaires, les firmes multinationales dont les grands établissements financiers, les institutions multilatérales (FMI, OMC, UE, Banque mondiale, OTAN). Le peuple est absent et n’a pas voix au chapitre. Ce n’est donc pas à cette échelle que des mesures contraires à l’intérêt des possédants pourront être prises. Certes, il faut poursuivre la lutte et les efforts de convergence entre toutes les forces à l’échelle mondiale. Mais ce n’est pas pour demain. En attendant, le seul espace où il reste encore un peu de démocratie et où le peuple existe est celui de la nation. C’est la raison pour laquelle nous considérons que la priorité du combat politique doit être la lutte pour l’indépendance nationale. Comme au temps de la décolonisation avec les mouvements de libération nationale. Cette lutte doit concerner toutes les nations et tous les peuples pour bâtir un nouvel ordre mondial débarrassé du néolibéralisme, un ordre internationaliste.

Est-ce qu’une « exception française » existe encore ? Quel rôle précis la France peut-elle jouer dans cette « internationalisme » ?


Oui, il existe encore une exception française, interne et externe. Sur le plan interne, l’histoire de France peut se résumer par l’histoire des luttes du peuple de France. Nul autre pays n’a connu des luttes aussi puissantes et porteuses d’un message universel, de la Révolution de 1789 à celle de 1848, de la Commune de Paris au Front populaire, de l’insurrection parisienne d’août 1944 à mai-juin 1968. C’est tout à fait unique dans l’histoire de l’humanité. Cette histoire est toujours présente dans les esprits et les cœurs. Sur le plan externe, la France reste regardée comme un pays à part, duquel peut surgir l’étincelle qui donnera le signal d’une poussée émancipatrice. André Malraux avait mille fois raison de dire que « la France a quelque chose à dire au monde ».
Ceci dit, ce n’est pas au nom de cette exception que nous préconisons de fixer comme priorité politique l’indépendance nationale. C’est un droit, une nécessité pour tous les peuples et toutes les nations. Regardons, d’ailleurs, ce qui se passe en Amérique latine ! Cependant, il nous parait clair que si la France engageait un processus de sortie de l’ordre néolibéral mondial (sortie de l’UE, du FMI, de l’OTAN, de l’OMC, de la Banque mondiale), la force de cet exemple serait considérable, une dynamique mondiale s’enclencherait.

Vous avez écrit un autre ouvrage La confrontation. Argumentaire anti-FN. Au sujet de la souveraineté nationale, quelle stratégie développez-vous pour contrer le Front national sur ce terrain ?


Il ne faut pas mépriser l’électorat du FN et ne pas considérer qu’il s’agisse de gens arriérés, semi-débiles, ou même malades comme on l’entend parfois dire. Il s’agit de citoyens français excédés par la politique menée ces 30 dernières années par la droite et le PS. Bien sûr, nous considérons qu’ils font une énorme erreur politique en croyant que le FN constitue une perspective politique crédible pour sortir de la crise. Pour nous, la question centrale qui explique le vote FN est celle du chômage, des délocalisations, de la désindustrialisation. Toute la gauche et toute la droite, toute l’extrême gauche et toute l’extrême droite n’ont rien de sérieux à proposer à ce sujet.
« Quand les partis politiques démontrent jour après jour leur médiocrité, il est naturel que beaucoup de Français recherchent un homme providentiel. »
Cela va peut-être paraître prétentieux, mais nous sommes les seuls à proposer, de manière précise et détaillée, chiffrée, la création d’un plein-emploi d’un nouveau type, l’interdiction des délocalisations et la relocalisation de l’économie, la réindustrialisation avec le doublement de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée, soit 2 millions d’emplois industriels en 10 ans.
La solution n’est-elle pas de ressusciter De Gaulle ? Pourquoi les français sont-ils tellement attachés à la figure de l’homme providentiel qui ne vient jamais ?


Quand les partis politiques démontrent jour après jour leur médiocrité, il est naturel que beaucoup de Français recherchent un homme providentiel. D’autant que les institutions de la Ve République, avec l’élection du président au suffrage universel direct encouragent cette tendance. Nous rejetons cette conception de la politique, nous combattons tout homme providentiel. Nous croyons au contraire à l’action collective consciente du peuple, et nous œuvrons dans ce but.
La gauche « vélibérale », par exemple, peut ne pas aimer certains points de votre programme…
« Je veux dire à cette jeunesse que tous les espoirs sont permis. »
Une partie de la gauche nous déteste en effet. Celle qui est « bobo », qui est communautariste, celle qui déteste la France, celle qui méprise les pauvres et les ouvriers, celle qui adore l’euro et l’Union européenne. Celle qui croit qu’on ne peut plus rien faire puisqu’il y a le mondialisme et qu’il faut donc « s’adapter ». Celle qui a renoncé à vouloir changer le monde, à construire un socialisme du XXIe siècle et qui s’est couchée devant les possédants au prétexte de la « modernité ». Et alors ? Cela ne nous fait pas peur, nous luttons, nous tentons de maintenir un débat d’idées digne de ce nom.

Que vous inspire l’action actuelle du ministre au redressement productif, Arnaud Montebourg, au gouvernement ?


C’est de la communication, de l’agitation, il sert à Hollande comme son flanc gauche. Son projet est creux comme un bambou.
2012 n’a donc pas été l’année de changement de cap pour la France. Quels sont vos pronostiques pour 2017 ?


Nous allons combattre encore plus fortement l’élection présidentielle de 2017 en montrant que l’élection la plus importante sera l’élection législative. Pour nous, actuellement, aucun projet politique n’est susceptible de sortir notre pays de la crise. Le Front de gauche, dans lequel nous avons cru, est en phase de régression. Il n’ose pas affronter les vrais problèmes et ne veut pas sortir de l’Union européenne et de l’euro. Le pire est à craindre de cette séquence électorale, et nous espérons qu’une nouvelle coalition pourra offrir un autre choix aux Français.
De votre premier métier d’ouvrier à votre poste de professeur d’économie à l’Université Paris VIII, vous êtes un exemple de réussite républicaine. Que pouvez-vous dire à cette jeunesse qui ne connaît pas l’ascenseur social ?


Je veux dire à cette jeunesse que tous les espoirs sont permis. L’effort individuel est la première chose à faire, et quoi qu’il arrive il ne faut compter que sur soi. Mais l’effort collectif est tout aussi important, dans le sens où la lutte collective est une nécessité. C’est la combinaison des deux qui permettra de s’en sortir individuellement dans le cadre du système tel qu’il est, et de changer ce système.
Est-ce qu’un mot en particulier peut définir votre parcours ?


Il faut toujours garder en soi la rage et la fureur qui sont les moteurs les plus puissants pour mener sans défaillance le combat pour la justice et l’égalité.

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UNE SORTIE DEMOCRATIQUE EN TOUTE LEGALITE DE L'EURO, DE L'UE ET DE L'OTAN 

le programme de l'UPR en PDF
>> http://www.upr.fr/wp-content/uploads/presidentielles/Programme-Liberation-Nationale.pdf

le programme de l'UPR en vidéo (laisser défiler les vidéos les unes après les autres automatiquement)

>> http://www.youtube.com/watch?v=dBYq0fIOub4&list=PLM7MKCA37EHfaOsUYRF3OQnv76NRoKxd6&index=1

l'histoire de France, pour comprendre ce qu'il se passe aujourd'hui il faut connaître le passé

>> http://www.youtube.com/watch?v=wLEth0q3Ilw

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