Le scandale ne cesse de s’amplifier en
Allemagne.
Au centre de la tempête : le service d’espionnage fédéral, le BND. Depuis quelques jours, les révélations se multiplient sur la très étroite collaboration de celui-ci avec ses homologues américains. La question qui hante désormais la classe politico-médiatique est de savoir jusqu’à quel degré la chancellerie – et la chancelière allemande elle-même – était au courant de ces agissements, et de leur portée. Tout indique que celle-ci pouvait difficilement être tenue dans l’ignorance des basses œuvres des « services ».
Au centre de la tempête : le service d’espionnage fédéral, le BND. Depuis quelques jours, les révélations se multiplient sur la très étroite collaboration de celui-ci avec ses homologues américains. La question qui hante désormais la classe politico-médiatique est de savoir jusqu’à quel degré la chancellerie – et la chancelière allemande elle-même – était au courant de ces agissements, et de leur portée. Tout indique que celle-ci pouvait difficilement être tenue dans l’ignorance des basses œuvres des « services ».
Il est établi qu’au début des années
2000, les autorités américaines avaient passé un accord avec le BND :
l’exploitation du très puissant et très sophistiqué centre d’écoute
situé à Bad Ailing (Bavière) a été transférée de la NSA au BND en 2004
(Washington avait établi ce centre d’espionnage en 1947, dans le
contexte de la guerre froide). En échange, les services allemands
s’engageaient à fournir toutes les informations – des millions de
données issues des écoutes diverses – à leurs collègues
d’outre-Atlantique.
Les citoyens et les entreprises de RFA
n’ont nullement été épargnés, en infraction totale avec la loi
allemande. Parmi les données qui intéressaient particulièrement
Washington : les secrets du consortium franco-allemand Airbus, de même
que de la société Eurocopter.
Or le quotidien Bild révélait
il y a quelques jours que le BND avait bel et bien tenu au courant la
chancellerie des ces pratiques illégales. Illégales et paradoxales : car
des informations portant sur des intérêts jugés essentiels pour le pays
ont bien été demandées et obtenues par Washington.
C’est ce qu’a établi une commission
d’enquête parlementaire, créée à la suite du scandale Snowden :
l’ex-prestataire de la NSA – aujourd’hui traqué par la justice
américaine, et réfugié en Russie pour échapper à la vengeance de
Washington – avait multiplié les révélations, y compris celle concernant
l’écoute par les services américains du… propre portable d’Angela
Merkel.
Celle-ci se retrouve donc dans une
situation pour le moins délicate, puisqu’elle est susceptible d’avoir
couvert des activités mettant en cause les intérêts de son propre pays,
au profit de l’allié atlantique.
Cerise sur le gâteau, l’édition datée de ce jour (30 avril) du quotidien Süddeutsche Zeitung
apporte de nouvelles informations : le BND aurait également espionné
l’Elysée, le ministère français des Affaires étrangères, de même que la
Commission européenne…
On peine à imaginer ce qui serait advenu
si l’on avait appris que ce n’était pas Washington, mais Moscou, qui
organisait la fuite et la récupération des petits et grands secrets de
Bruxelles ou Paris. Ce n’est même plus de « sanctions » qu’il aurait été
question, mais de représailles… Qui sait si l’on n’eût pas frôlé une
troisième guerre mondiale.
Par chance, toutes ces petites perfidies sont restées entre amis…